Cette semaine, en scrollant sur les réseaux, je suis tombée sur un commentaire qui disait que “l’école avait basculé de la bienveillance à la complaisance”. Ce commentaire, n’était pas très positif et dans le contexte un peu “réac”. Mais je me suis dit, qu’il était intéressant de clarifier les choses. C’est donc sous l’axe de la bienveillance que le mail d’aujourd’hui est orienté.
Avant de lire la suite, demandez-vous : “Qu’est-ce que la bienveillance pour moi ?”
C’était l’objet de ma réflexion dans l’épisode 78 “Agir avec Bienveillance” et j’en parle aussi à la page 94 de mon livre sur la gestion de classe. Je vous y parlais du lien entre bienveillance et respect des besoins.
Et si je n’étais pas d’accord avec les propos du commentaire(bienveillance/complaisance), il faut bien avouer qu’une représentation erronée de la bienveillance peut engendrer des difficultés de gestion de classe. Parfois – je le vois dans les coachings sur la gestion de classe – on est en dissonance cognitive* entre ce qu’on pense être bienveillant, ce qu’on pense qui est attendu de nous, ce que la situation exige, ce que nous ressentons. Le résultat : des réactions qui nous font culpabiliser OU un positionnement inefficace OU de l’insatisfaction.
*dissonance cognitive : tension interne rencontrée quand plusieurs de nos valeurs/pensées/émotions sont en contradiction.
La particularité de la bienveillance en classe c’est qu’elle doit être collective en tenant compte de besoins qui sont souvent individuels. Cela nécessite d’arbitrer et prendre des décisions.
Petit exercice de réflexion comme je les aime
Alors, je vous propose un petit exercice d’écriture … Lisez les deux définitions suivantes :
- Bienveillance : disposition favorable à l’égard de quelqu’un (élèves, collègues, parents d’élèves, followers, ami·es …)
- Complaisance : disposition à s’accommoder aux goûts, aux sentiments des autres pour leur plaire (élèves, collègues, parents d’élèves, followers, ami·es …)
- Que vous évoquent ces définitions ?
- Comment résonnent-elles pour vous ?
- Est-ce qu’il y a des moments où vous confondez les deux ?
- À quel moment cela vous est défavorable/favorable ?
Ma piste : Définir ce qu’on entend par bienveillance en fonction des situations.
Pour agir en conscience et avec intention, je vous propose de vous astreindre à définir ou préciser les critères de bienveillance en fonction des contextes. A chaque fois que vous avez envie d’utiliser un mot de la famille de bienveillance, essayez de préciser ce qu’il y a derrière. Vous verrez que selon le contexte, il n’y a pas du tout les mêmes choses. D’ailleurs, il s’agit aussi de définir vis-à-vis de qui vous décidez d’adresser votre bienveillance. Parce que lorsqu’il y a plusieurs protagonistes, on peut être bienveillant différemment si on se positionne en faveur de l’une des personnes ou des deux. Alors votre défi (si vous l’acceptez) c’est d’interroger le terme de bienveillance à chaque fois que vous l’utilisez ou l’entendez : C’est quoi être bienveillant dans ce cas-là et envers qui ?
Être bienveillant·e avec les autres, ne peut se faire au détriment de soi.
Ahhh alors là, peut-être qu’on tient un antidote à la complaisance. Si être bienveillant c’est agir en faveur d’autrui (pour son bien-être physique, psychologique etc et pour qu’il puisse grandir/évoluer/apprendre dans les meilleures conditions possibles) cela ne peut se faire au détriment de soi. Il s’agit donc d’être bienveillant avec soi-même. Pour cela, il est nécessaire de développer une compétence essentielle : la conscience de soi. Il s’agit de se connaitre, d’avoir conscience de nos besoins et de savoir en prendre conscience dans l’instant. Dans les situations de doute ou d’arbitrage, dans les situations où vous auriez envie de vous faire passer après, essayez de vous faire de la place. Quand je dis “prenez soin de vous” à la fin de mes podcasts, c’est aussi ce qu’il y a derrière. C’est l’art de se demander aussi : “Et moi, qu’est-ce que j’en pense ? Qu’est-ce qui me conviendrait vraiment ?”
Dans quelles situations ne vous écoutez-vous pas en ce moment ?
(Extrait de la newsletter du 20 mars 2024)