Avez-vous l’impression d’être « vous » au travail ? Y a-t-il des situations dans lesquelles vous mettez de côté votre “vrai vous” ? Est-ce que cela est facilitant ou cela vous met-il parfois en difficulté ?
C’était le sujet d’un de mes coachings la semaine dernière mais en réalité, c’est un sujet qui s’invite dans presque tous les accompagnements à un moment (mieux se connaitre pour savoir ce qui nous convient et faire à notre façon). Mais c’est également un sujet qui s’est invité dans ma vie professionnelle depuis quelques mois. Et je vais vous raconter comment, plus loin.
Être soi qu’est-ce que cela signifie ?
Être soi, c’est agir en accord avec ce que nous sommes véritablement. C’est laisser s’exprimer notre personnalité, exprimer nos goûts, nos envies avec authenticité : c’est-à-dire, sans se cacher, sans mentir, sans prétendre être ce que nous ne sommes pas. On entend parfois l’expression « sans masque » qui veut dire « sans le masque social qui inhibe notre vrai personne. »Ce n’est pas toujours évident d’être soi. D’abord parce qu’on n’en a pas toujours conscience. Parfois, nous sommes tellement habitué·es à nous adapter que nous oublions qui nous sommes vraiment. Et aussi, parce qu’on ne nous a pas toujours permis de le faire. Nous avons souvent appris à inhiber certaines parties de nous, certains goûts, certaines idées ou notre spontanéité pour correspondre aux attentes. Et parfois, cela nous fait penser qu’il n’est pas convenable de nous montrer tel·les que nous sommes.Pour être soi, il est donc important de se connaître. Mais il faut ensuite avoir confiance dans le fait que ça suffit d’être soi ou même que c’est une valeur ajoutée !
Oui, quand on se découvre et qu’on laisse s’exprimer certaines parties de soi, on se rend compte que c’est parfois notre spécificité, notre zone de talent et même surtout notre zone de plaisir. Dans les coachings, certain•es enseignant·es que j’accompagne ont envie de retrouver du plaisir dans leur pratique, dans leur vie professionnelle. Et c’est souvent en s’autorisant à être soi et à faire “à sa sauce” que la satisfaction pointe de nouveau le bout de son nez.
On ne peut pas juste dire “il faut être soi”… Pour commencer, il n’y a pas de “il faut” : chacun fait ce qu’il veut. L’idée n’est pas de s’ajouter un injonction supplémentaire, c’est plutôt d’agir en conscience, de décider (d’être ou ne pas être soi) et de ne pas le subir. Parfois, je peux décider d’inhiber ma personnalité parce que je sais que cela est utile ou nécessaire dans telle ou telle situation. Parfois c’est nécessaire et ça nous fait progresser. Le “truc”, c’est de pouvoir l’identifier et le nuancer, réguler et ne pas toujours être coincé dans la même posture. Être soi dans sa pratique c’est laisser s’exprimer notre personnalité, suivre nos intuitions, ne pas se forcer à faire comme les autres ou à se mettre dans des chaussons qui ne nous conviennent pas. Comme m’a dit une coachée la semaine dernière « je veux rentrer dans les chaussons des autres alors que moi, je porte des baskets à paillettes ».
Et quand tu mets les chaussons des autres, que se passe-t-il ?
Ce n’est pas fluide, tu essaies de faire des choses auxquelles tu ne crois pas, tu t’agaces parce que ça ne marche pas. Tu te sens nulle parce que dans la classe d’à côté ça fonctionne, et tu ne t’écoutes pas. Tu hésites et tu perds en crédibilité. (Évidemment, c’est un scénario parmi d’autres). Mais ce qui est certain, c’est que les pensées qui t’envahissent à ce moment là ne te conviennent pas.
Cela te parle ? Nous avons tous et toutes vécu ce genre de situation je crois. Quand tu mets un peu plus de toi dans tout ça, tu t’autorises à faire davantage comme tu le sens. Cela ne signifie pas que tu es à 100% toi, tout le temps. Cela signifie que tu y mets ta « touch ».
Exemple 1 : Tu es quelqu’un qui aime l’imprévu, la fantaisie, mais tu prépares toutes tes journées au cordeau. Cela génère du stress, tu essaies de tout contrôler et tu n’es pas satisfait·e en fin de journée. Tu ne vas pas pour autant, te mettre à faire du 100% freestyle (ce ne serait plus professionnel). Mais peut-être que tu peux mettre un peu de souplesse.
Exemple 2 : Tu détestes le conflit, tu es plutôt quelqu’un de consensuel et tu apaises les relations. Mais dans ta classe, tu t’efforces d’être hyper autoritaire, tu vas au clash avec tes élèves et tu ne laisses rien passer. Ce n’est pas toi, le soir tu t’en veux d’avoir été ainsi.
Dans mon livre sur la gestion de classe, j’utilise la métaphore de la table de mixage pour apporter l’idée de nuance. Je pense qu’on peut l’utiliser ici aussi. On peut imaginer un réglage sur sa table de mixage avec le niveau de « soi-même » et décider de la dose qu’on met dans sa pratique professionnelle. Mettre un peu (ou beaucoup) de vous dans votre pratique, vous permettra de : puiser dans vos ressources et vos talents, pour trouver des solutions, faire à votre façon et gagner en fluidité et en naturel, mobiliser votre zone de confort et de maitrise quand c’est nécessaire (notamment quand vous êtes fatigués) retrouver de la satisfaction et surtout, du plaisir.
Mais il y a des situations, où l’on sait que notre tendance naturelle peut aussi nous desservir et où nous déciderons consciemment de l’inhiber un peu ou totalement. Pas parce que nous n’osons pas, mais parce que nous savons que ce n’est pas favorable à la situation ou à ce que nous vivons.
Être soi, ce n’est pas toujours facile à assumer …
Pas toujours facile d’assumer ce qu’on est quand cela diffère des pratiques des autres ou sort un peu des sentiers battus (sortir des doxas —> voir l’épisode 52). C’est vrai.. Parfois il faut assumer d’être différent·e, parfois il faut oser. Parfois il faut défendre, argumenter. Parfois aussi, il faut savoir renoncer, ajuster ou doser pour faire de la place à l’autre ou pour gagner en efficacité. Et même quand on sait mieux le faire, même quand on travaille sur soi, quand on est outillé, accompagné·e, il y a des situations qui nous ébranlent et nous font douter, ou ressentir de la dévalorisation, de la honte.C’est ce qui m’est arrivé récemment….
Être moi, n’est pas toujours simple pour moi non plus, et j’ai récemment dû me rappeler qui j’étais pour accepter une situation. Il y a quelques mois, j’ai été contactée par un magazine pour enseignants, qui me demandait d’écrire 4 articles à partir du contenu de mes podcasts. J’ai accepté et envoyé un premier article pour avoir un retour. Cela ne correspondait pas à leurs attentes parce que je ne donnais pas de conseils précis. Sauf que cela fait partie de ma vision des choses : je ne dis pas ce que les gens doivent faire parce que je sais qu’il n’y a pas de réponse toute faite. Je me suis pliée néanmoins à l’exercice et ai envoyé une deuxième proposition. Cela ne convient toujours pas. Et de surcroît, le “Monsieur” me dit que ma façon d’écrire est dans un langage trop parlé et ne correspond pas aux normes de l’écrit. (Bref, collaboration annulée). Ça pique… et je crois que j’ai même un instant eu honte. Mais pour dépasser ce sentiment, j’ai dû me positionner : je pourrais écrire comme une journaliste ou une universitaire, oui… mais en réalité, ce que j’aime c’est rendre les choses claires et accessibles. C’est ainsi que je suis et comme cela que je suis efficace (et dans le plaisir). J’ai dû me rappeler que les personnes qui ont apprécié mon livre, l’ont apprécié justement parce que j’écris comme j’écris. Être moi, c’est donc me connaître mais aussi affirmer et assumer qui je suis. C’est savoir aussi quand ça me rend efficace ET c’est accepter que ça ne plaira pas à tout le monde.
Deuxième réflexion : Une fois les sentiments désagréables atténués, comment me servir de cette expérience pour m’améliorer ? Est-ce que je prends une partie de ce retour pour me faire avancer ? J’ai repris le texte pour voir s’il y avait des choses à améliorer et je me suis dit que – tout en restant moi-même – j’allais faire plus attention à ma façon de m’exprimer à l’écrit. Parce que les choses ne sont pas binaires. Peut-être, qu’effectivement, je peux changer de registre dans certaines situations. Cela me permet de jouer sur les réglages et de les réajuster.
Si vous aussi, vous aimeriez travailler sur cette question et trouver comment être davantage vous dans votre pratique professionnelle, nous pouvons travailler cela ensemble lors d’un accompagnement individuel sur mesure. Le coaching permet de développer sa connaissance de soi et trouver quelles actions et changements mettre en place. Contactez-moi